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18 mai 2019 6 18 /05 /mai /2019 21:42

Une fois ma requête terminée, plusieurs pages où j'ouvrais mon cœur sur mon amour pour cette ville et son peuple, Laëth m'a accompagné pour la déposer. La ville se paraît de fanions jaunes, oranges et blancs. J'interrogeais mon guide sur cette fête qui se préparait.

-Nous célébrons le Retour de la Déesse.

J'avais commencé à intégrer les croyances de ce peuple, fondé sur les cycles de la nature et sa divinisation en deux entités : le Dieu et la Déesse. Cette foi allait à l'encontre de celle dans laquelle j'avais grandi : un Dieu unique, jaloux, irritable et prompt à punir. Laëth ne m'imposait pas ses croyances. Elle ne demandait que du respect. Ce que je lui accordais sans problème. Tout proche de la Commanderie s'élevait une longue et large volée de marches en pierre. Elle conduisait à la Ville Haute, selon les explications de Laëth. Ces marches étaient très fréquentées. Des gens de toutes conditions montaient et descendaient ces escaliers de pierre. Tous saluaient Laëth, certains m'observaient toutefois du coin de l’œil. En particulier ceux de la Ville Haute.

 

Cette portion d'Amôn Dhin était pour l'essentiel constituée de résidences. Qu'elles soient de pierres ou de bois, elles rivalisaient d'élégance. Colonnes et toits d'ardoise, porches et jardins clos, les résidences étaient luxueuses et spacieuses. Les pavés étaient étonnement clairs, en comparaison avec ceux de la Ville Basse. Croisant des cavaliers, j'exprimais mon étonnement. Ma question a déclenché les rires de mon amie.

-De même qu'il existe deux séries de marches pour monter dans la Ville Haute, il existe deux voies carrossables !

Je l'ai accompagné dans son rire. Cette partie de la ville comportait peu d'échoppes : quelques herboristes,quelques médecins. Parmi ceux que nous avons croisé, certains regardaient Laëth avec une certaine animosité.

-Tous n'apprécient pas mon travail. Ils me voient au mieux comme un charlatan. Au pire comme une rivale. Mais c'est leur problème. Pas le mien.

Une autre volée de marches nous a enfin conduit au Palais d'Amôn Dhin. Deux gardes encadraient le haut des marches, sérieux comme des papes dans leur livrée aux couleurs de la ville : guêtres vertes, longues tuniques blanches et pourpoints rouges. Leurs hallebardes étincelaient dans la pâle clarté de l'hiver. Laëth les a salué d'un hochement de tête, ils lui ont répondu avec un sourire. Encore quelques mètres à marcher et le Palais d'Amôn Dhin étalait sa majesté sous mes yeux humains. Je me suis arrêté un moment, le souffle coupé devant ces tours d'albâtre, ces colonnes délicates qui s'étiraient vers le ciel morne. Deux autres gardes protégeaient un portail finement sculpté. A leur tour, ils ont salué la Rebouteuse. Celle-ci s'est attardée un moment pour échanger avec celui de droite à propos d'une blessure. Il l'a laissée manipuler son bras, confiant, n'opposant aucune résistance à ses mains. Puis il lui a ouvert le portail, avec un remerciement. Le sol du Palais était recouvert d'un parquet couleur miel. A main droite s'élançait un large escalier blanc. Les murs s'ornaient de tapisseries ponctuées par des lanternes ouvragées. Toute cette magnificence me remplissait les yeux. De l'escalier était suspendu un vaste fanion aux couleurs de la cité.

-Tu viens, Luc ?

Je réalisais soudain qu'elle avait ouvert une porte sous l'escalier. Et qu'elle m'attendait, un doux sourire aux lèvres. J'ai hâté le pas. Je pénétrais alors dans un couloir jalonné de portes sur la gauche. Elle a toqué sur la seconde avant d'entrer. Un Elfe fin et distingué écrivait à son bureau de bois sombre. Il a levé le nez, ôté ses bésicles et nous a salué. En elfique. Laëth a commencé à expliqué la raison de notre présence au Palais, me désignant du geste par moment.

-Votre nom est Luc de la Poumérolie ?

Il ne maîtrisait pas ma langue et s'adressait à moi en français semblait être un défi pour lui. J'ai souri avec indulgence.

-Paumérolie. Luc de la Paumérolie, oui.

Il m'a demandé d'épeler mon nom, ce que j'ai fait lentement. Il a survolé ma longue missive, complètement obscure pour lui. Il s'est en revanche attardé sur celle de la Rebouteuse. Il me lançait des regards en coin tandis qu'il prenait connaissance de la lettre de Laëth.

-Je ne vous ferais pas l'offense de vous rappeler ce qu'on encoure à mentir au Seigneur du Palais.

-Vous auriez bien raison de ne pas m'offenser de la sorte, cher Secrétaire. Chaque mot inscrit sur ce parchemin n'est que la vérité.

-Soit, je transmettrai votre requête.

Après avoir coulé vers moi un regard dubitatif, il nous a salué, mettant fin à notre visite. Nous avons quitté son petit bureau, encombré de livres et de parchemins. En dépit de sa méfiance flagrante à mon endroit, j'appréciais d'avoir enfin rendu ma requête au Secrétaire. Je me sentais serein. Nous n'en n'avons plus reparlé. Le Destin était en marche.

 

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